Le monument du Sacré-Cœur à Saint-Césaire

Sur le plan historique, aucune information n’apparaît dans les archives paroissiales, les archives de la Société ou les albums historiques de Saint-Césaire au sujet de ce monument si ce n’est la date sur la base de granit où il repose, c’est-à-dire 1949. Toutefois, pratiquement chaque paroisse au Québec en possède un, puisque la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus fut extrêmement populaire au Québec dans la première moitié du 20e siècle. Plusieurs paroisses catholiques de la région possèdent encore un monument dédié au Sacré-Cœur. Dans notre périphérie, on retrouve celui-ci à Granby et Saint-Pie entre autres. Il est situé dans la très grande majorité des cas devant l’église. 

Celui de Saint-Césaire ne fait pas exception à la règle. Voici une reproduction d’un modèle « Orbronze » que la compagnie de statuaire Daproto de Montréal offrait à sa clientèle; la compagnie française l’Union artistique Vaucouleurs en produisait elle aussi. Cependant, certains exemplaires étaient offerts à coût beaucoup moindre aux Fabriques, car ils étaient produits en ciment.

 

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Monument du Sacré-Cœur devant l’église de Saint-Césaire

En 1996, la Fabrique de la paroisse décide de restaurer ce monument religieux et patrimonial.  Elle confie le mandat à la firme Dolléans Art Conservation de Montréal en juillet de la même année, il faut souligner, que son état était beaucoup plus détérioré que celui du monument de l’abbé Provençal situé tout près, démontrant ainsi le caractère plus usiné de l’œuvre.

Une corrosion sévère avait entraîné des concrétions, des ouvertures et le suintage du joint de la taille. Un examen intérieur a été nécessaire. La statue a dû être enlevée de son socle par une grue de la compagnie Ducharme et Frère de Saint-Césaire, puis transporté à l’atelier de la firme Dolléans de Montréal. L’ancrage d’origine de la statue au socle, étant complètement corrodé, on en fabriqua un nouveau en laiton et en acier inoxydable.

Quant à la statue elle-même, elle mesure 82 pouces de haut et 52 pouces de large les bras ouverts, sa restauration est une leçon de chimie : Voici la description des travaux que la firme Dolléans a effectué sur ce monument, on trouve celle-ci dans l’ouvrage de Diane Leblanc (1). L’alliage de la statue semble contenir une forte proportion de zinc ce qui l’apparenterait plus à un laiton. On a pu remarquer beaucoup de manques, de petits défauts de fonte, pour certains obturés par une soudure à l’étain dont le décapant, généralement chlorure de zinc, mal rincé, avait fortement dégénéré et contaminé le laiton. Le même phénomène s’observait sur le joint de la taille, joint soudé à l’étain et à la brasure laiton.

Les concrétions observées au niveau du drapé du bras semblent provenir d’un mauvais dessablage du noyau. En effet, nous avons découvert du sable de fonte dans la tête, dans les replis du vêtement et dans les bras. Le sable conserve l’humidité et accélère les phénomènes de corrosion électrochimique. Nous avons donc dessablé au maximum, puis gratté les concrétions au scalpel inox. Nous avons percé un trou de ½ pouce dans le drapé, de son bras droit afin de faciliter le dessablage. Ce perçage n’a pas été rebouché, les eaux de pluie ne pouvant rentrer par là, afin de laisser une ventilation naturelle.

Après aspiration, l’intérieur et l’extérieur du bronze ont été lavés à l’eau haute pression additionnée d’abrasifs végétaux. Après séchage, une nouvelle aspiration intérieure a été effectuée. Puis un traitement au benzotriazole a été vaporisé à l’intérieur. Les manques importants, à l’extérieur, ont été bouchés à la résine époxy.

En regard de ces différents paramètres, nous avons choisi de protéger la statue à l’aide du vernis Incralac. Nous avons donc effectué une couche de base de vernis clair, suivie de couches de vernis pigmenté brun, rehaussé de poudre de bronze, le tout protégé par des couches de vernis clair. Puis la statue a été cirée (cire microcristalline) à froid, et soigneusement polie. »

Ce monument est encore visible aujourd’hui devant l’église catholique de Saint-Césaire. Je suis certain que dorénavant, vous le verrez d’une façon quelque peu différente.

Gilles Bachand

 

(1) Je n’ai pas fait de recherches dans les journaux régionaux concernant ce monument, qui semble avoir été mis en place en 1949 car ceci est indiqué sur le côté du monument?

 

(2) Diane Leblanc, Saint-Césaire 1822-1997, Saint-Césaire, Comité du 175e anniversaire, 1996, p. 90-91.

 

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